En ces temps d'élections et de mise à l'épreuve des joies de la démocratie moderne, nous chez Vengeance, on a décidé d'être complètement totalitaire. On a bien vu, selon le sondage qu'on a posté, que vous vouliez plus de nouveautés Oi! françaises. Depuis qu'on l'a lancé, on a pas publié un seul truc français (faut dire qu'on achète quasiment que du vinyle et que niveau sorties françaises c'est un peu la dèche en ce moment...). Pour continuer sur la voie emprunter par mes camarades rédacteurs, je vais donc m'évertuer à en avoir rien à foutre de l'avis de la populace et chroniquer une sympathique vieillerie transalpine (mais tout de même c'est de la Oi!, donc je respecte 1/3 de votre choix, c'est déjà beaucoup). Pour une fois je vais faire deux entorses aux règles qu'on c'était fixé entre nous : je vais chroniquer un truc que je possède pas (ça mes deux collègues l'on déjà fait avant moi, donc à la rigueur c'est pas grave), et qui plus est un truc politique (on a déjà chroniquer des groupes engagés politiquement, mais en général les textes et les types restent soft où ne mêlent pas ou peu ça à leur musique). Et là en plus c'est pas qu'un peu. On a ici du gros rouge qui tâche, le couteau entre les dents, le rideau de fer qui va de Stettin à Trieste, death to America, tout ça tout ça quoi. Aujourd'hui je vais vous présente Erode, le groupe italien d'extrême gauche qui en fait toujours trop, auteur de l'hymne anti-berlusconien "Evviva Il Cavaliere" (entre autre).
Une cover de "Evviva Il Cavaliere" par le groupe romain de reprises The 80's
Né au milieu des années 90 à Côme, sur les cendres d'Asociale (cherchez dans mes premières chroniques, c'est tout simplement indispensable comme groupe si vous prétendez vous intéresser à la Oi! italienne) et de Crash Box (un groupe punk hardcore des 80's), le groupe se caractérise par le fait que ses membres soient ouvertement hyper-politisés, alors qu'à l'époque la tendance était plutôt à l'apolitisme sans bornes (et pas sans burnes, je vous vois venir). Comment je pourrais vous qualifier ça ? C'est de la Oi! à l'italienne, pas bourrin, assez mélo (ça c'est la grande particularité du rital, c'est hyper chantant comme langue), une guitare solo qui passe bien, gros choeurs, une voix rageuse mais pas forcée, et surtout les paroles c'est le grand soir quoi (pas le film de merde avec Poelvoorde qui vient de sortir, la révolution totale et sans concession plutôt, mais on en reparlera plus tard). Pas la moindre trace d'influence rock'n'roll/hardcore/mes burnes dans un plat à tajine, sur ce 7", c'est de la Oi! à l'ancienne, et finalement c'est pas plus mal comme ça, ça va bien avec l'esprit du groupe. Sorti en 1996, c'est la deuxième prod' du groupe après le EP Orgoglio Proletariato, sorti un an auparavant
La face A du vinyle s'ouvre sur "Europa". Ici pas question de récit germano-Hitlerifiant ni d'espace Schengen, loin de là. Pour vous faire un résumé rapide, on y parle des sciaccali d'Occidente (les chacals de l'Occident, rien que ça), d'Europe prolétaire et révolutionnaire et de renvoyer l'Oncle Sam à coup de pied au cul et par la même occasion de sortir de l'OTAN. Vous voyez le truc quoi, on fait pas dans la demi-mesure. On adhère ou pas au message, mais musicalement c'est quand même pas mal pour un morceau d'ouverture !
Deuxième titre de la face, "Frana La Curva", une chanson que tout ultra italien digne de ce nom se doit de connaître. Ça parle de calcio, mais pas de ce qui se passe sur le terrain, plutôt des tribunes. C'est rien de plus rien de moins qu'une apologie du dérouillage en règle des forces de l'ordre (allègrement traitées de figli di puttana au passage, toujours beaucoup de retenu dans les paroles d'Erode, c'est ça qui me plait). "Se dev'esserci violenza che violenza sia, ma che sia contro la polizia" ("si il faut qu'il y ait de la violence qu'il en soit ainsi, mais que ce soit sur la police"), voilà le sujet quoi. Un gros hymne si vous voulez mon avis.
La face B démarre avec "Pro Patria", un hommage rendu à l'équipe de Busto Arsizio, que les types d'Erode supportent. Pro Patria c'est le nom de l'équipe, et quand on sait de quoi sont composées les tribunes du club (de camerati comme on dit de l'autre côté des Alpes, des fascistes quoi), c'est assez marrant de voir qu'un groupe comme Erode fasse une chanson dessus. Ils devaient pas aller souvent au stade ! Ce détail mis à part, la chanson parle de l'attente insoutenable jusqu'au dimanche pour aller au stade, hurler l'amour de son club (toujours avec deux trois allusion prolétaro-communistes, on se refait pas hein), c'est hyper bien joué, gros choeurs, fort potentiel hymnesque, et en plus adaptable à plus ou moins tous les clubs de football (suffit de remplacer les "Pro-Pa-Tria, Pro Patria !" du refrain par le nom du club de ton choix et t'as de quoi chanter au stade, Jean-Mi).
Dernier titre du 7", et pas des moindre, "Stalingrado". Je vous laisse deviner de quoi ça parle, et vu l'engagement politique du groupe, de quel côté de la Volga il se situent. D'ailleurs ils le disent eux même, "Al Volga non si arriva" ("ils ne passeront pas la Volga", pas les Ewoks, plutôt la Wehrmacht), pour le drapeau rouge et le prolétariat et tout le folklore qui va avec. Un bon vieux morceau masturbatoire style "j'y étais pas mais si j'y avais été j'aurai fait pareil" comme on les aime (ça c'est bien la spécialité des groupes "extrêmistes" tiens). Pour faire court, c'est le meilleur morceau du disque je trouve. Guitare qui dérouille, bonne basse, le phrasé assez inhabituelle, deux voies sur le refrain, bref, un tube de plus.
Pour ce qui est de l'artwork, vous l'aurez constaté vous même, c'est dans l'esprit des paroles : sobriété. Le bon vieux soldat soviétique qui plante le drapeau de l'URSS sur le Reichstag, en noir et blanc avec, ô surprise, la faucille-marteau en rouge pour appuyer un peu le bordel histoire que ce soit bien clair. Un disque tout aussi incroyable (la première fois que je l'ai écouté je savais pas si c'était une blague ou si c'était sérieux tellement ça me semblait too much, limite ridicule !) qu'indispensable. Tout ça a bien évidemment été écrit et réalisé après la chute de l'URSS, sinon c'est pas marrant hein !
On notera que le groupe c'est récemment reformé et a sorti un nouveau morceau. Le genre a quelque peu changer, puisqu'on est plus proche de la new wave qu'autre chose, mais les themes restent les même puisque c'est un morceau sur Ulrike Meinhof, de la Rote Armee Fraktion (la Fraction Armée Rouge en français, si je vous dit la bande à Baader ça vous parlera peut être plus, des terroristes d'extrême gauche quoi). Va savoir pourquoi, Blogger refuse de me l'afficher dans l'article, alors vous pouvez la regarder ici. Attention, musicalement ça rien à voir avec les morceaux des disques précédents. Et je vous l'ai surement déjà dit dans une news précédente, mais autant en reparler, un intégral en vinyle du groupe sortira dans l'année (je sais ni quand ni chez qui, mais ça sortira, m'a t'on assuré). Voilà tovarich, j'espère que ce morceau te plaira, dans le cas contraire tu iras miner du granit jusqu'à la fin de tes jours dans un camp de travail en Sibérie (ou un stage intensif axé sur le thème "toi aussi montre ton respect de la presse" avec Jean-Luc Méchancon) pour affront aux principes de la Révolution. Mes salutations distinguées !
C'est ce qui t'attends si tu n'adhères pas au message d'Erode, vile social-traître !
Face A
Europa
Frana La Curva
Face B
Pro Patria
Stalingrado
TELECHARGER(qualité mp3)
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