Il semblerait, cher(e) lecteur(trice),
que ton immuable désir de voir le nombre de nos chroniques de oi!
française augmenter soit enfin sur le bon chemin ! En tout cas
la présente chronique est un bon début pour peut être rééquilibrer
un peu la balance. Comme ça tu seras content et t’arrêteras peut
être un peu de nous les briser avec tes envies à la con !
Tu te souviens donc sûrement de ma
prodigieuse chronique de la démo d'Envers et Contre Tous que je
concluais en apothéose par l'annonce de la formation d'un tout
nouveau groupe issu des West Side Boys, d'Envers et Contre Tous et
plus généralement de la joyeuse bande d'alcooliques de Jussieu. C'est toujours un peu spécial de chroniquer un disque sorti par des potes proches mais n'ayez crainte, tel l'arbitre italien je ne dévierai sous aucuns prétextes de mon noble devoir!
Hé bien après plusieurs mois d'une
insoutenable attente je possède enfin un exemplaire de leur toute
fraîche démo et j'en fais ici la chronique en exclusivité !
Non non ne me remercie pas jeune homme, le sourire béat de bonheur
que je vois apparaître sur ta face bovine suffit déjà amplement à
me satisfaire.
Les plus érudits d'entre vous feront
rapidement le lien entre le logo et le nom du groupe et il m'est donc
inutile d'en dire plus sur leur admiration démesurée pour les
grands chanteurs homosexuels des années 80 françaises. Bon mais mis
à part ça Toholl's ne barbote pas dans le même pédiluve musicale
pour autant, bien que leur mélange de oi! 80s et de punk français
période fin 70 ne soit pas sans nous rappeler cette période où
nager en docs n'aidait pas beaucoup à flotter.
Toholl's nous balance 8 titres qui oscillent entre ces
deux influences majeures, le chanteur étant particulièrement
influencé par des groupes comme les Olivensteins (particulièrement
pour les textes) ou les Nips pour le débit et une section musicale
qui essaye de tirer tout ça vers de la oi! plus classique, voir
basique ! Le mélange n'est pas inintéressant et accouche de
titres toujours très drôles, souvent efficaces et parfois un peu
bancales qui respirent néanmoins l'authenticité et la schoenbrau
renversée sur un banc sale un soir d'été.
Tout d'abord un grand bravo pour la
pochette à l'humour particulièrement potache qui me plaît
beaucoup. Détourner le Père Noël Est Une Ordure (qui reste quand
même un film et une pièce très droles) c'est l'apogée de l'humour
franchouillard au 7ème degré et c’est surtout une belle preuve
d'auto dérision, ce qui manque un peu trop dans la scène oi! où le
sérieux testostéroné a tendance à être sacrément ennuyeux à la longue.
On commence tout ça avec Skin des
Années 10, un excellent titre oi! dont les très bonnes paroles
abordent honnêtement la vie des skinheads de notre belle année
2012, 30 ans après 82, alors que beaucoup se raccrochent encore à
des références mortes et oubliées pour vivre un trip anachronique.
« Skin des années 10 tu te sens perdu ici bas
Tu te demandes
parfois comment t'en es arrivé là
Une photo jaunie accrochée à
ton mur
Te rappelle un monde que t'as pas connu ».
Un des rares morceaux de la démo qui
sonne oi! à 100 % (et donc un des plus sérieux également).
Un peu plus de dérision pour la suite
avec Un Mec En Porte-Jarretelles, qui raconte de manière très drôle
l'histoire d'un copain que l'on voit changer et se travestir. Le
texte est vraiment bien foutu et le morceau est très efficace avec
ses chœurs à chanter entre potes et son humour potache.
Et puis voilà Jussieu, l'hymne
nostalgique d'une époque révolue où la joyeuse bande de punks et
de skinheads de Jussieu trainait tous les soirs à se tuer le foie
avec de la mauvaise bière sur les bancs devant la fac des sciences.
Un morceau très émouvant et très sympathique qui rappellera sans
peine de bons moments à ceux qui ont déjà eu l'occasion de
s'attarder sur cette place. Un super morceau à chanter bras dessus
bras dessous avec de vieux potes de bitures.
« Cet été je
veux retourner à Jussieu !
Les neuskis complètement torchés
et les keupons sous LSD !
Aliaaaloooo aliaaloooo ooooo»
On continue avec un autre morceau très
second degré, très Olivensteins : Nanarchiste. Un vieux anar
raconte sa vie, son obstination, ses délirs. Encore un fois c'est
très bien écrit et c'est très drôle et aurait pu s'en peine
figurer à côté d'autres morceaux punks et provocants de la fin des
années 70. Le refrain est particulièrement réussi avec des choeurs
complètements ridicules de pop homosexuel et je ne peux pas
m’empêcher de sourire à chaque fois que je l'écoute.
Six Minute Pour Une Turlute est le
parfait exemple de ce mélange de oi! premier degré et de punk à la
con. Un morceau musicalement très oi!, qui rend d'ailleurs
plutôt bien même si ça reste très basique et un texte très
décalé sur un type qui va se faire pomper en loucedé par une
prostitué et qui a bien du mal à tenir 6 minutes. Je me répète
mais le texte est vraiment excellent et faire du second degré à la
Reich Orgasm ou Trostskids sans tomber dans le graveleux (donc pas comme Trostskids) n'est pas
toujours évident, donc encore bravo !
« Elle se met au
travail pour faire lever ma pine,
Elle a la main qui jour de la
mandoline,
Si je rentre trop tard ma femme aura des doutes,
Je dois
vite lâcher jusqu'à la dernière goutte »
Sixième morceau, L'Elastique, et sans
doute celui qui m'a le moins convaincu, rien de très entraînant
ici. Un morceau assez lent avec pourtant un refrain plutôt bien
foutu mais qui peine à me convaincre. C'est dommage parce qu'encore
une fois les paroles sont très drôles et décrivent le supplice que
fait subir une femme cruelle aux hommes qui tombent sous son joug.
« Elle enroule un élastique autour de ce que l'homme a de plus
fragile
Si son moindre désir n'est pas exaucé elle n'a qu'à tirer
sur le fil »
Rock'n Roll Morback est un parfait
mélange de texte à la Reich Orgasme et de diction batracienne du
13ème arrondissement. J'aime beaucoup ce morceau, pure esprit année
80 où la déconne était la norme. On sent qu'il se sont bien marrés
à l'enregistrer et en tendant l'oreille on peut percevoir les cris de joie des membres du groupe déguisés en cows-boys homosexuels, jouant à moitié nus à la marelle dans une cave du 12ème.
J'ai d'abord cru que cette dernière
chanson, Just Another Oi! Band, était une reprise d'un quelconque groupe anglais mais je
crois bien que non. Un super titre de oi! anglaise à l'ancienne au
texte très négatif sur l'état de la scène oi! actuelle, qui ne
fait que reproduire des clichés mille fois ressassés sur une
période depuis longtemps révolue. Un excellent titre.
« And
it's just another oi! band
And I can't hear nothing new »
Toholl's a le mérite d'être un groupe sincère qui ne se prend pas la tête, qui fait du punk comme on en faisait au début, avec des potes qui savent mieux boire des bières que jouer de la musique, qui fait de l'humour potache et sexuel mais pas vulgaire, bref qui fait bien plaisir même si ça leur ferait pas de mal de bosser encore un peu d'ici leur prochaine production!
Le groupe a encore quelques démos (mais plus pour longtemps, c'est parti comme des petits cachetons dans une teuf) et vous pouvez le contacter sur leur facebook ou directement par mail à toholls@hotmail.fr
D'ailleurs il cherchent un label...
En attendant on écoute tout ça : ICI
Plutot roux qu'a g'noux
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