vendredi 22 juin 2012

[Chronique] Toholl's – DEMO (2012)






Il semblerait, cher(e) lecteur(trice), que ton immuable désir de voir le nombre de nos chroniques de oi! française augmenter soit enfin sur le bon chemin ! En tout cas la présente chronique est un bon début pour peut être rééquilibrer un peu la balance. Comme ça tu seras content et t’arrêteras peut être un peu de nous les briser avec tes envies à la con !
Tu te souviens donc sûrement de ma prodigieuse chronique de la démo d'Envers et Contre Tous que je concluais en apothéose par l'annonce de la formation d'un tout nouveau groupe issu des West Side Boys, d'Envers et Contre Tous et plus généralement de la joyeuse bande d'alcooliques de Jussieu. C'est toujours un peu spécial de chroniquer un disque sorti par des potes proches mais n'ayez crainte, tel l'arbitre italien je ne dévierai sous aucuns prétextes de mon noble devoir!
Hé bien après plusieurs mois d'une insoutenable attente je possède enfin un exemplaire de leur toute fraîche démo et j'en fais ici la chronique en exclusivité ! Non non ne me remercie pas jeune homme, le sourire béat de bonheur que je vois apparaître sur ta face bovine suffit déjà amplement à me satisfaire.
Les plus érudits d'entre vous feront rapidement le lien entre le logo et le nom du groupe et il m'est donc inutile d'en dire plus sur leur admiration démesurée pour les grands chanteurs homosexuels des années 80 françaises. Bon mais mis à part ça Toholl's ne barbote pas dans le même pédiluve musicale pour autant, bien que leur mélange de oi! 80s et de punk français période fin 70 ne soit pas sans nous rappeler cette période où nager en docs n'aidait pas beaucoup à flotter.
Toholl's nous balance 8 titres qui oscillent entre ces deux influences majeures, le chanteur étant particulièrement influencé par des groupes comme les Olivensteins (particulièrement pour les textes) ou les Nips pour le débit et une section musicale qui essaye de tirer tout ça vers de la oi! plus classique, voir basique ! Le mélange n'est pas inintéressant et accouche de titres toujours très drôles, souvent efficaces et parfois un peu bancales qui respirent néanmoins l'authenticité et la schoenbrau renversée sur un banc sale un soir d'été.
Tout d'abord un grand bravo pour la pochette à l'humour particulièrement potache qui me plaît beaucoup. Détourner le Père Noël Est Une Ordure (qui reste quand même un film et une pièce très droles) c'est l'apogée de l'humour franchouillard au 7ème degré et c’est surtout une belle preuve d'auto dérision, ce qui manque un peu trop dans la scène oi! où le sérieux testostéroné a tendance à être sacrément ennuyeux à la longue.

On commence tout ça avec Skin des Années 10, un excellent titre oi! dont les très bonnes paroles abordent honnêtement la vie des skinheads de notre belle année 2012, 30 ans après 82, alors que beaucoup se raccrochent encore à des références mortes et oubliées pour vivre un trip anachronique.
« Skin des années 10 tu te sens perdu ici bas 
Tu te demandes parfois comment t'en es arrivé là 
Une photo jaunie accrochée à ton mur 
Te rappelle un monde que t'as pas connu ».
Un des rares morceaux de la démo qui sonne oi! à 100 % (et donc un des plus sérieux également).



Un peu plus de dérision pour la suite avec Un Mec En Porte-Jarretelles, qui raconte de manière très drôle l'histoire d'un copain que l'on voit changer et se travestir. Le texte est vraiment bien foutu et le morceau est très efficace avec ses chœurs à chanter entre potes et son humour potache.
Et puis voilà Jussieu, l'hymne nostalgique d'une époque révolue où la joyeuse bande de punks et de skinheads de Jussieu trainait tous les soirs à se tuer le foie avec de la mauvaise bière sur les bancs devant la fac des sciences. Un morceau très émouvant et très sympathique qui rappellera sans peine de bons moments à ceux qui ont déjà eu l'occasion de s'attarder sur cette place. Un super morceau à chanter bras dessus bras dessous avec de vieux potes de bitures.
« Cet été je veux retourner à Jussieu ! 
Les neuskis complètement torchés et les keupons sous LSD ! 
Aliaaaloooo aliaaloooo ooooo»


On continue avec un autre morceau très second degré, très Olivensteins : Nanarchiste. Un vieux anar raconte sa vie, son obstination, ses délirs. Encore un fois c'est très bien écrit et c'est très drôle et aurait pu s'en peine figurer à côté d'autres morceaux punks et provocants de la fin des années 70. Le refrain est particulièrement réussi avec des choeurs complètements ridicules de pop homosexuel et je ne peux pas m’empêcher de sourire à chaque fois que je l'écoute.
Six Minute Pour Une Turlute est le parfait exemple de ce mélange de oi! premier degré et de punk à la con. Un morceau musicalement très oi!, qui rend d'ailleurs plutôt bien même si ça reste très basique et un texte très décalé sur un type qui va se faire pomper en loucedé par une prostitué et qui a bien du mal à tenir 6 minutes. Je me répète mais le texte est vraiment excellent et faire du second degré à la Reich Orgasm ou Trostskids sans tomber dans le graveleux (donc pas comme Trostskids) n'est pas toujours évident, donc encore bravo !
« Elle se met au travail pour faire lever ma pine, 
Elle a la main qui jour de la mandoline, 
Si je rentre trop tard ma femme aura des doutes, 
Je dois vite lâcher jusqu'à la dernière goutte »

Sixième morceau, L'Elastique, et sans doute celui qui m'a le moins convaincu, rien de très entraînant ici. Un morceau assez lent avec pourtant un refrain plutôt bien foutu mais qui peine à me convaincre. C'est dommage parce qu'encore une fois les paroles sont très drôles et décrivent le supplice que fait subir une femme cruelle aux hommes qui tombent sous son joug.
« Elle enroule un élastique autour de ce que l'homme a de plus fragile
 Si son moindre désir n'est pas exaucé elle n'a qu'à tirer sur le fil »

Rock'n Roll Morback est un parfait mélange de texte à la Reich Orgasme et de diction batracienne du 13ème arrondissement. J'aime beaucoup ce morceau, pure esprit année 80 où la déconne était la norme. On sent qu'il se sont bien marrés à l'enregistrer et en tendant l'oreille on peut percevoir les cris de joie des membres du groupe déguisés en cows-boys homosexuels, jouant à moitié nus à la marelle dans une cave du 12ème.
J'ai d'abord cru que cette dernière chanson, Just Another Oi! Band, était une reprise d'un quelconque groupe anglais mais je crois bien que non. Un super titre de oi! anglaise à l'ancienne au texte très négatif sur l'état de la scène oi! actuelle, qui ne fait que reproduire des clichés mille fois ressassés sur une période depuis longtemps révolue. Un excellent titre.
« And it's just another oi! band 
And I can't hear nothing new »


Toholl's a le mérite d'être un groupe sincère qui ne se prend pas la tête, qui fait du punk comme on en faisait au début, avec des potes qui savent mieux boire des bières que jouer de la musique, qui fait de l'humour potache et sexuel mais pas vulgaire, bref qui fait bien plaisir même si ça leur ferait pas de mal de bosser encore un peu d'ici leur prochaine production!

Le groupe a encore quelques démos (mais plus pour longtemps, c'est parti comme des petits cachetons dans une teuf) et vous pouvez le contacter sur leur facebook ou directement par mail à toholls@hotmail.fr
D'ailleurs il cherchent un label...

En attendant on écoute tout ça : ICI


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