lundi 24 octobre 2011

[Livre] Touch And Go – The Complete Hardcore Punk Zine 79-83




Il est temps de tirer le signal d'alarme, oivengeance se transforme en un immonde repère de perfides intellectuels. Les auteurs de ce blog ourdissent en effet en secret, depuis quelques semaines maintenant, un diabolique complot visant à transformer les honnêtes visiteurs que vous êtes en de sournois intellos à lunettes !
Alors oui c'est vrai qu'entre le rital de service qui nous pilonne sans relâche de sa propagande tiers-mondiste (l'autre jour il a exigé que l'on entonne tous ensemble, les mains jointes et le regard profond, la reprise de Rivolta par Eros Ramazotti devant notre salade de mozzarella... je commence à m'inquiéter) et le fier défenseur de la noble cause homosexuelle (on est avec toi mec!), on peut se demander de quel complot je parle !
Hé bien pour preuve de ce que j'avance je vais parler d'un LIVRE, hé ouais un livre avec des mots et tout, pas juste des photos comme la dernière fois (je suis cool j'y vais progressivement). Bon j'exagère un peu c'est un recueil voilà... oui mais en NOIR ET BLANC ET EN ANGLAIS !! AAAAARRRGGgggg (suite de borborygmes répugnants liés à l'expulsion mal contrôlée d'une salade de mozarella à demi digérée)......
Bref il était une fois, à la fin des années 70, deux jeunes gens qui vivaient gaiement leur vies d'américains moyens dans le calme Midwest (américain lui aussi). Gaiement ? Hé bien pas tant que ça parce que dans le midwest (à Lansing dans le Michigan pour être précis), à cette époque la, quand t'as fini ton épisode de Dallas et que tu t'es touché les couilles deux bonnes heures en regardant le blé pousser et ben tu commences à te faire bien chier ! (j'espère n'avoir vexé aucuns malaxeurs de testicules rurales par ces paroles un peu légères) Pas moyen d'aller checker le profil de la pote de la petite sœur du type complètement bourré sur lequel t'as à moitié pisser sur les pompes aux chiottes du PMU l'autre soir, nan tu peux pas, ça n'existe pas !! donc tu t'emmerdes !
Du coup Tesco Vee et Dave Stimson (c'est les noms de nos deux auto-sexuels du dimanche) se lancent dans la réalisation d'une publication bon marché, évoquant sans fioritures superflues, la musique qu'ils affectionnent. Ils font un putain de fanzine de punk quoi ma gueule !
Et pour ne jamais oublier d'où ils viennent (le Midwest on a dit!), il l'intitulent sobrement Touch And Go, vibrant hommage à leurs fugaces masturbations agricoles.
Ce qui n'est au début que quelques feuilles volantes assemblées à l'arrache pour parler de ses disques anglais préférés, va se transformer progressivement, au cours de ses 4 ans d'existence et ses 22 numéros, en d'imposants recueils à la pointe de l'actualité de ce mouvement alors balbutiant, le punk hardcore américain ! Les deux compères finiront également par développer en parallèle un des plus importants label américain de musique alternative et indépendante, Touch And Go Records, dont le rayon d'action sera bien plus vaste que le punk hardcore.
C'est donc l'intégrale du fanzine qui est réuni dans ce recueil, 550 pages noir et blanc, qui sentent bon la photocopie et le Cut And Paste, 550 pages d'histoire de la révolution punk américaine. Parce que si le punk est bien un pur produit de l'angleterre en crise, le hardcore est l'enfant difforme et repoussant de la classe moyenne de l'amérique de Reagan, et c'est toute la naissance et l'évolution de cette scène auquel on assiste à chaque page de ce bouquin.
Les deux auteurs, alors très jeunes, ont toute la violence, l’honnêteté et la haine que l'on peut ressentir lorsque l'on tombe dans le punk rock à cette age la. La mise en page est violente à dessein, les chroniques et les discours sont insultants, tout respire la rage et la haine du conformisme, du gouvernement, des magazines rocks institutionnels, des radios, des poseurs et surtout de l'insipide culture majoritaire qu'on essaye de leur imposer partout.
Les premiers numéros sont de véritables bouteilles à la mer, des messages désespérés pour tenter de prendre contact avec une scène locale alors presque inexistante. Du coup on parle des quelques disques anglais que l'on a réussi à chopper... de oi!, de cold wave, d'anarcho punk, de two tone, de « punk's not dead », de tout ce qui provient d'angleterre! Tout est le bienvenu même si parfois très durement chroniqué.
Et puis petit à petit le ton se fait moins adolescent, les premières grosses claques musicales se font bien sentir (Black Flag, Dead Kennedys mais aussi Minor Threat, Bad Brains, Misfits) les premiers liens avec la scène de DC (liens très forts) ont une importance majeure pour le développement de la scène locale. La scène de LA commence à avoir son influence également et on communique à mort un bout à l'autre du continent à grands coups de lettres, de vinyls et de cassettes.
Touch And Go se développe bien sur autour des deux groupes de la région, The Fix et Necros, et trouve rapidement son apogée avec la découverte de Negative Approach (de Detroit, pas tout à fait le même coin mais c'est le centre quand même) un peu plus tard à partir de 81. Tesco Vee sera également le chanteur des Meatmen (quand même!) et Steve Miller (l'éditeur du livre) est le chanteur de The Fix, la famille est restée unie, ce fanzine est le cœur même de l'explosion hardcore, à mi-chemin entre DC-New-York et L.A.
On découvre les interviews assez marrantes de tous ces groupes cultes aujourd'hui, de groupes de gamins à l'époque... Ian McKaye, Youth Brigade (ceux de DC), The Fix, Iron Cross, Misfits et j'en passe... Les mecs étaient super jeunes et on a le droit à des phrases assez marrantes à des questions du genre « Et que pensent vos parents de la musique que vous faites ? ». On se rend vite compte que la scène de DC était très incestueuse : SOA, The Untouchables, Teen Idles, Youth Brigade, Minor Threat... on retrouve un peu toujours les mêmes types. Le grand changement sera quand même le départ d'Henry Rollins pour L.A et ses débuts dans Black Flag.
Beaucoup de Live Reviews également, de nos jours c'est pas très passionnant, t'as la vidéo sur youtube le lendemain et c'est souvent mieux que l'avis d'un Jean Choub tout bourré... Mais ici c'est cool de voir comment ça se passait à l'époque et puis les commentaires de T.V et D.S (permettons nous ce raccourci patronymique audacieux, ça fait jeune) sont assez marrants, toujours super violents avec les branleurs du public et les salles pourries (faut dire que c'était bien galère pour organiser des concerts à l'époque). Quelques flyers gracieusement imprimés en pleine page témoignent des diverses affiches qui feraient bander à en mourir plus d'un type que je connais (Minor threat, Iron Cross, Faith, Artificial Peace, Double O et Void le même soir putain!!!)
Voir les chroniques assassines de certains disques aujourd'hui légendaires est assez marrant aussi. DS et TV n'ont jamais leurs langues dans leurs poches et surtout pas quand il faut répondre au courrier des lecteurs et à tous les types qui viennent raconter plus ou moins de la merde, crois moi Benoît, ils ont pas du se faire que des potes dans leur quartier ces deux là !
Touch And Go Records se développe rapidement avec les disques de The Fix, puis des Necros, des Meatment et de Negative Approach... Dischord n'étant jamais loin pour jouer le rôle de grand frère. Plus tard on trouvera des productions plus variées (comme sur Dischord justement) avec Laughing Hyenas par exemple, le groupe post-Negative Approach de John Brannon, un groupe rock expérimental pré-grunge en gros, c'est assez chelou comme truc.

Bref si tu es anglophone et passionnée (comme moi) par toute cette période fascinante d'éclosion du punk américain, tu sais ce qu'il te reste à faire... deviens un intello !! AHAHAHAH

1 commentaire:

  1. Laisse donc la mozzarella en dehors de tes histoires de types en shorts et en baskets !

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