jeudi 29 septembre 2011

[Livre] SKINHEADS, photographs 1979-1984 by Derek Ridgers





Derek Ridgers est un photographe anglais reconnu qui a vu, depuis une trentaine d'années, ses photos exposées dans les plus grands musées photographiques du monde et publiées dans les plus prestigieuses revues (NME, Rolling Stones, The Times, The Observers et j'en passe). Il a photographié les acteurs les plus connus, les artistes les plus branchés, les musiciens les plus payés; bref, ce type est une pointure. Mais diable!? Comment s'est-il alors retrouvé à photographier une bande de rasés défoncés à la colle dans les bas-fonds Londoniens ?
Né en 52 il a commencé par photographier le milieu rock'n roll anglais (au sens large) à la fin des années 70. Son truc, malgré son actuelle notoriété, ça a toujours été ça, le rock'n roll et l'underground. Pas étonnant alors, qu'en 79, entre deux photo-reportages dans les soirées fétish (un de ses sujets de prédilection apparemment) de Soho ou dans les concerts punks de Camden, il ne soit retrouvé un beau soir face à face avec une bande de skins.
Le skin aime poser, c'est comme ça, ça fait parti du truc (j'ai des amis qui vous le confirmeront), un peu de bière, 2 ou 3 photos pour rigoler et c'est parti! Donc l'ami Derek n'a eu aucun mal à se faire accepter dans la bande avec son appareil, celle-ci étant fort enthousiaste à l'idée de pouvoir se la péter su papier glacé. Il n'en a pas fallut plus pour qu'il se retrouvé à leur coller aux basques (Bop!), pendant 5 ans, dans leurs péripéties diverses, inépuisables sources de clichés tape à l’œil. S'en suit une première expo à Londres en 1980 (dont certaines photos sont dans ce livre, publié presque 30 ans après, en 2009), et c'est cette même expo, si je me souviens bien, qui aurait inspiré (d'après lui) Gavin Watson pour montrer une autre image du mouvement, plus proche de sa réalité. Et on le comprend.

Parce que soyons francs, les mecs (et les meufs, ne soyons pas sexiste) sur les photos de Derek sont plus à la mode du cœur de bouddha (comme dirait LSD) que du casque grec. On est alors en pleine explosion de la scène RAC et les bandes de Londres en furent d'importants protagonistes. Donc oui y a du bras tendu et des attitudes qui ne respirent pas vraiment la tolérance et le respect du prochain, te voila prévenu Jean-Michel!
J'ai été choqué par certaines photos, n'ont pas par l’exubérance de l'affirmation national-socialiste, mais plus par le mélange souvent improbable des genres. Que penser de ces types au look 69 impeccable (Sta Press, cardigans etc...) avec de grosses croix méga en brassard ? Ou encore de cette bird en jupe écossaise, t-shirt des Clashs avec un ceinturon sudiste et divers pins croix celtiques ? On est bien loin du cliché du gros bones C18 ou Skrewdriver Security et pourtant ça s'affiche haut et fort; c'est ce qui m'a le plus surpris.
D'un point de vu photographique c'est beaucoup moins bien que ce que fait Gavin Watson, il y a peu de photos vraiment mortelles, mais beaucoup de portraits. Des portraits de mecs cramés à la glue, la gueule tatouée à l'arrache d'Union Jack et de Skinheads, des portraits de mecs qui sont morts bien avant de devenir des gros tas, des portraits violents de types apparemment pas commodes.
Certains clichés en couleur (dont un de Nicky Crane de 79) surprennent car ils abolissent la distance temporelle qu'imposent le noir et blanc et nous ramènent à notre mouvement actuel. Ça aurait pu alors être de simples photos facebook (oui c'est triste), des photos de potes (avec beaucoup de badges et de tatouages craignos en moins). Les visages changent, le style reste.

Des photos de manifs (pas de gauche!), des photos de bandes, des portraits de femmes, de birds, des photos de couples également (hétéros et, surprenant, homos). Beaucoup de choses intéressantes finalement dans ces 118 pages de bottes et bretelles.
Ces dernières années il n'y en a eu que pour Gavin Watson et This is England (que j'adore tous les deux), mais ne réécrivons pas l'histoire. Le mouvement skinhead c'était ça mais c'était aussi (et peut être surtout), à cette époque, ce que montre Derek dans son livre. Je n'en fais nullement l'apologie, je déteste le RAC et tout ce qu'il a entraîné de néfaste pour notre mouvement, je considère simplement ces différents témoignages photographiques comme des pièces historiques et je vous invite à faire de même, sans fétichisme ni nostalgie...

Le livre est intégralement mattable en ligne ICI (et c'est beaucoup mieux que mes photos pourraves). On peut également le commander à cette adresse.

Derek Ridgers a publié de nombreux autres ouvrages de photos dont certains sont également mattables en ligne (notamment des photos « Rock » assez réussies des années 80 et 90 ICI, des photos érotiques moins réussies ICI et divers autres éléments ICI).


2 commentaires:

  1. De Really Skinhead: Ce livre est-il toujours en vente ?

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  2. Il semblerait que tu puisses en tout cas toujours le commander ici : http://fr.blurb.com/bookstore/detail/1117764

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