Enfin bref vous pourriez me remercier bande d'enculés !
Washington DC est le berceau du hardcore américain. Les saints Bad Brains, pères fondateurs du hardcore, y commencèrent leurs ravages musicaux, transformant leur groupe de jazz en une furieuse explosion punk ultra speedée, bien avant que le rastafarisme ne termine de les transformer en religieux chiants.
Quoi de plus normal alors d'affubler ce recueil de photos sur la scène de DC, du titre d'un des morceaux emblématiques de nos ex-jazzmen ?
177 pages de photos de concerts, de groupes, de gens entre 79-85, alors que la scène de DC (et le hardcore américain de manière générale) est à son apogée. Certaines photos recueillies dés 86 dans le projet de faire un photozine comme MRR et les gros zines de la côte ouest et qui finalement s'étoffèrent de dizaines d'autres, collectées auprès de tous ceux qui prirent part de près ou de loin à l'existence de cette scène.
Le livre vu finalement le jour en 2005, de manière totalement indépendante (édité par Sun Dog Propaganda, l'organe de distribution des travaux de l'artiste américaine (et grande participante aux projets de Dischord), Cynthia Connolly) ce qui rend sa distribution évidemment plus confidentielle (j'ai du le commander aux USA et ça m'a l'air de plus en plus difficile de se le procurer). La mise en page est parfois hasardeuse (beaucoup de photos sur certaines ages et parfois peu lisibles) mais on s'y retrouve et les multiples anecdotes des photographes ou musiciens donnent vie à l'ensemble.
By the punks for the punks !
Ce qui est vraiment super dans ce bouquin c'est de voir l'évolution de la scène lors de ces 6 ans de punk rock.
En 79 les Bad Brains se produisent à l'Ontario Theater, à la Hard Art Gallery, au Madam's Organ (des espèces de squats galeries d'art) l'ambiance est encore très punk 77 « arty », les looks aussi (lunettes de soleil, perfs et chemises peinturlurées, les Sex Pistols et Ramones sont encore tous près). Les McKaye sont encore à la Wilson High School, se faisant les dents (et les cheveux!) avec les Teen Idles et les Untouchables et un certain Henry Garfield trainent ses rangers et sa tête de bébé à leurs premiers concerts.
Puis les années 80 démarrent, Ian quitte le lycée, se coupe les cheveux, SOA fait ses premières dates, Minor Threat commence à investir toutes les salles pourries du coin (squats, locals pour jeunes, salles universitaires, caves). Tous sont déjà fermement opposés aux drogues (comme le montre certaines interviews de l'époque) et le resteront, réaction radicale aux excès de la première vague (H.R de Bad Brains semble y avoir pas mal participé (aux excès hein) et il était sûrement pas le seul). Dischors Records lance ses premières prods depuis la Dischord House, bref tout s'emballe.
Puis en 81, avec le Wilson Center (une espèce de salle paroissiale sous une église si j'ai bien compris) qui devient LA salle où tous les groupes punks peuvent jouer, les concerts s’enchaînent, les plus gros se déroulant au 9:30 club, un vrai club rock.
Faith, Red C, Void, Artificial Peace, Scream, Iron Cross, Youth Brigade (ceux de de DC hein), Government Issue... tous ces groupes qui sont devenus des icônes du hardcore font leurs premiers pains... Les looks sont plus durs déjà, les crânes sont rasés à blanc, les gamins de 79 ont grandi et forci. Iron Cross est le premier groupe skin américain (mais ne le restera pas longtemps si j'en crois les photos).
L'ambiance semble être toujours bonne enfant, on s'amuse, la véritable violence est rare, même si une anecdote avec un type qui se ramène un flingue rappelle qu'aux USA ça peut vite partir très loin.
Henry et Ian taffent à Haggen Dazs et ça devient l'endroit où croiser des punks à DC. Leur temps se partagent entre les concerts, Dischord et le taff. Pleins de belles photos de cette époque par Susie Horgan, la photographe de la pochette du premier Minor Threat (celle avec Alec MacKaye la tête entre les genoux), dans le petit livre Punk love, plus facilement choppable et bien foutu.
Jusqu'en 83 c'est la grosse fête du hardcore à DC, peins de concerts (donc pleins de photos dans le bouquin héhé), des groupes de partout (Black Flag, Meatmen etc...). On sent une telle énergie dans ces concerts, une telle rage adolescente tellement compréhensible dans l’Amérique du début des années 80... cette scène, sa musique et les clichés qui en sont tirés ne peuvent que toucher que tous ceux qui, comme moi, ont construit leur adolescence autour du punk rock, dans la frustration et la rage contre la vie que le monde nous propose.
Puis en 83 Minor Threat splitte, puis Faith. Les concerts continuent néanmoins mais chez les McKaye on sent qu'il faut avancer, évoluer. Et ça c'est la très grande force de Ian , ne pas stagner, continuer à porter la musique vers de nouvelles choses, toujours intéressantes et rebelles mais différentes. Et ses groupes ainsi que Dischord ont toujours suivi cette voie.
Dés 84 puis par la suite en 85 et 86 de nouveaux groupes, avec un son différent, voient le jour (Rites of Spring, Marginal Man, Gray Matter, Embrace (le nouveau groupe de Ian), Beefeater) et signent les débuts de l'emo et du post-hardcore. Les looks sont toujours punks, l'énergie aussi mais on porte tout ça autrement, vers ce que Dischord produira bien plus tard (Fugazi naîtra de la fusion d'Embrace et de Rites of Spring...) mais ça c'est une autre histoire.
Bref ce livre est fabuleux témoignage de ce que fut cette période : une superbe et spontanée explosion de rage.
me encantaria tener ese libro. tengo el de american hardcore history del que hay un documental tambien. me gusto lo que escribiste, no pares
RépondreSupprimerDisponible aqui : http://www.amazon.com/Banned-DC-Photos-Anecdotes-Underground/dp/0962094404
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