lundi 13 février 2012

[Chronique] Doubling Boys – Denbora aurrera doa




L'équipe rédactionnelle au grand complet a eu très récemment l'occasion de se rendre au pays basque « espagnol » (à Arrasate Mondragon plus précisément) afin d'étudier d'un peu plus près les habitudes de ses habitants aux cheveux courts. Je ne pense pas prendre beaucoup de risques en disant au nom de tout le monde qu'on s'est pris un sérieux soufflet dans les parties. La scène locale est juste incroyable et c'est pourquoi nous débutons avec cette chronique une petite série sur le pays basque qui, je l'espère, vous fera découvrir tous ces groupes qui méritent vraiment à être connus.
Pour situer rapidement le contexte, le pays basque espagnol a une population de 2,5 millions d'habitants avec un quart de bascophone, le tout pour une superficie 33 fois plus petite que celle de la France... et comporterait 13 groupes de oi! d'après ce qu'on m'a dit, c'est à dire sûrement plus qu'en France actuellement ! Et quand on fait de la oi! ou du punk rock là bas, on fait ça bien ! Les mecs sont hypers bons, hypers carrés, presque trop parfois, on est très loin de l'amateurisme bon enfant des groupes de chez nous... Et il y aurait entre 3 et 4 concerts 100% oi! par week end dans toute la province.... 3 OU 4 PUTAIN!!!
A Mondragon (22000 habitants, un trou!) la culture punk et oi! est partout, je n'avais jamais vu jusqu'à présent aucun endroit en Europe où la scène est si vivante, si bouillonnante (peut être en Allemagne ok mais c'est différent)... La situation particulière de cette région et les luttes indépendantistes qui en découlent sont évidemment un des moteurs de cette scène, le punk s'épanouissant toujours dans l'oppression. Je ne m'attarderai pas sur ce sujet car je n'y connais pas grand chose à vrai dire et que c'est un débat bien trop éloigné de ma réalité pour que j'y prenne part (et puis j'ai pas envie de me retrouver avec du C4 dans mon pain au chocolat si je dis une connerie).

Mais trêve d'introduction fleuve, passons à la musique !
La région a donc toujours produit des groupes de très grandes qualité, on pense à Eskorbuto, R.I.P, Cicatriz, La Polla Records, Skalariak ou Des-Kontrol pour n'évoquer que les plus connus...ceux qui ont traversé les frontières ! Car Doubling Boys est, comme la très grosse majorité des groupes du coin, très peu sorti de son territoire. La scène est vaste et vivante mais s'auto-alimente dans un très petit périmètre et s'exporte peu, et c'est dommage. Bon c'est vrai que le basque est un langage qui n'aide pas à franchir les frontières... L'espagnol à la limite ok, on peut réussir à déchiffrer vite fait, mais alors le basque c'est vraiment de l'aztèque médiéval ! Impossible d'y déceler une quelconque signification ! Du coup ça ne rend pas la communication facile hein.
Mais Doubling Boys a l'avantage de faire une grosse majorité de morceaux en anglais, bon un anglais très approximatif (pas très loin de la oi! Japonaise!) mais un anglais suffisant pour conquérir tous les anglophones du dimanche.
Ce 8 titres CD est, à ma connaissance, leur deuxième production après Oihu Egin Nahi Dut (essaye de le répéter très vite en mangeant tes corn flakes).

Alors autant être clair, Doubling Boys c'est du très très bon ! C'est de l'hymne à la pelle, c'est des brouettes de singalong, c'est un putain de son, c'est des putain de mélodies, c'est une putain de tuerie quoi !
Pour être franc je connaissais mal ce groupe jusqu'à il y a peu et j'ai été très très impressionné. Ça joue très bien, ça sonne encore mieux, le genre de groupe dont la production n'a rien à envier aux plus gros représentants du genre. Et c'est assez représentatif du niveau des groupes que nous avons eu l'occasion de voir lors de notre court séjour là bas, les mecs savent jouer ! Et c'est assez rare dans la scène oi! pour qu'on le signale.

Le skeud démarre très fort avec Welcome To Our Land, une sorte de chant de bienvenue au Pays Basque qui ne demande qu'à être hurlé en choeur. On glisse au passage quelques rappels sur la lutte pour la liberté, sur les années de guerre qui ont secoué la région puis on ouvre grand les bras pour faire un gros calin à ses potes. Un très bon morceau qui met tout de suite à l'aise l'étranger peu familier des coutumes locales que je suis. Le refrain est génial, de gros choeurs fraternels avec une petite guitare solo pas dégueu...un régal
On continue avec Sistema, un morceau en basque. Je suppose que le basque leur permet de s'exprimer plus facilement que l'anglais sur des sujets complexes, c'est bien mais du coup j'y comprends rien... A part le break final qui, je pense, donne une assez bonne idée de l'orientation du morceau : « Sistema !...Sistema !... Sistema Kapitalista ! ». Une critique du système économique et financier, ça me plait ! Ah oui et le morceau dérouille, les basques aiment bien faire une phrase sur deux en choeur, ça fait un peu chorale à force mais c'est super efficace.
When I Remember You est, je suppose, un morceau sur un vieux pote disparu. Je dis je suppose parce que c'est sûrement celui le plus mal écrit, y a du boulot sur l'anglais là les gars ! Une petite guitare bien rock'n roll, une ligne de basse entraînante et toujours ces putains de choeurs, la formule est la même mais on adore, il y a une énergie incroyable dans ce morceau.
Denbora aurrera doa ! Est à mon avis la quintessence de la oi! basque. Des paroles incompréhensibles mais aux sonorités agréables, une patate d'enfer, des choeurs une phrase sur deux et un gros refrain qui déboite à scander à 30 ! Le canon ancien en photo dans le livret sous le texte m'indique peu de choses sur la signification de ceci, peut être une référence subtile au patrimoine de leur bled.
Et puis arrive Warriors, et quand Warriors arrive c'est pas en charentaise ou en chaussons Mickey, nan Warriors arrive comme un gros gros tube qui te pulvérise la face ! L'hymne basque ultime ! Bon des paroles assez faibles (Skinheads, Warriors blabla comme d'hab quoi) mais il y a une telle énergie, une telle conviction qu'on ne peut que remonter ses bretelles et s'éclater les cordes vocales dans les oreilles de ses potes. Mortel !
Nada de Nada nous amène une touche d'espagnole, ça change... enfin pas grand chose pour moi puisque je ne pige rien à la langue de Juan Carlos. On me glisse à l'instant qu'il s'agirait d'évoquer une amitié (ou un amour?) tristement déchue (déçue?), qui s'est tragiquement muée en haine, un texte qui semble très personnel mais qui parle à tous, tout le monde a connu la trahison... Bref encore un morceau qui déchire ta mamie, je sais, je me répète, mais c'est vrai. Et cette montée sur le pré-refrain avant l'explosion... Terrible !
Something That... le morceau japonais nostalgique sur les skins... hé ouais l'anglais n'est pas encore au top mais à vrai dire on s'en fout. Un vibrant appel à l'unité et au combat de tous les skins sous la même manière. La guitare solo donne le petit côté larmoyant mélo. Un bon morceau encore une fois mais j'aime moins la guitare solo, peut être qu'elle commence un peu trop dés le début et moi les guitares j'aime pas ça ! (ouais je sais c'est con quand on écoute du rock'n roll).
Et comment mieux conclure qu'avec 1969 !? (n'y vois pas d'insinuations salaces petit obsédé!) Un morceau qui était déjà sur leur précédente production il me semble. Un hymne à se souvenir des débuts, des racines du mouvement. Bon je ne vais pas lancer un débat sur cette vision, à mon avis, un peu trop idyllique sur cette période, peu importe on comprend le message et on adhère. Bon je vais faire original, ce morceau est super, encore une fois, voilà. Peut être un poil plus mélo que les autres mais à peine.

Vous l'aurez compris, on est en pleine période d'euphorie bascophile (et ça va continuer !), donc fais toi plaisir, enfile ton pagne en peau de perroquet et rejoins nous sous la pyramide du Louvres, on boira du Patxaran jusqu'à l'aube et on chantera de la oi! from the mountain !


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